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Archive for noviembre 2022

En las orillas del verano, de J.C.Valle

En las orillas del verano

abrevan todas las infancias

Los grillos motor insomne

que alimenta los sueños

con los párpados volando

Las aldeas cosmopolitas

se comen las distancias

en el gran banquete del presente

Y a la velocidad de los árboles

llegan los comensales

desde cualquier lugar donde las uvas

y los higos hacen su baile

celebremos que los caminos

están quietos

y encontrarnos

es lo mas fácil

gorriones y cuervos

ocupan las sillas del viento

que las voces de las niñas

abandonan ante el hocico del otoño

Los atardeceres ponen sus velas

sobre las mesas de pan tierno

de las mondas de la luz

hacen mosto tus labios

que nos embriaga y nos mece

dejando en paz

al agricultor de sueños

al pastor de palabras

al chamán de la tribu

y a la tierra salvaje

que sin nosotros es mansa

fronte por fronte, Fisterra

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Le voyage (el Viaje), de Charles Baudelaire

Le voyage

A Maxime Du Camp.

I

Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,
L’univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
Astrologues noyés dans les yeux d’une femme,
La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent
D’espace et de lumière et de cieux embrasés ;
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon,
De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !

II

Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule
Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils
La Curiosité nous tourmente et nous roule,
Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.

Singulière fortune où le but se déplace,
Et, n’étant nulle part, peut être n’importe où !
Où l’homme, dont jamais l’espérance n’est lasse,
Pour trouver le repos court toujours comme un fou !

Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ;
Une voix retentit sur le pont : » Ouvre l’oeil ! «
Une voix de la hune, ardente et folle, crie .
» Amour… gloire… bonheur ! » Enfer ! c’est un écueil !

Chaque îlot signalé par l’homme de vigie
Est un Eldorado promis par le Destin ;
L’Imagination qui dresse son orgie
Ne trouve qu’un récif aux clartés du matin.

Ô le Pauvre amoureux des pays chimériques !
Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,
Ce matelot ivrogne, inventeur d’Amériques
Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?

Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue,
Rêve, le nez en l’air, de brillants paradis ;
Son oeil ensorcelé découvre une Capoue
Partout où la chandelle illumine un taudis.

III

Etonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers.

Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons,
Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.

Dites, qu’avez-vous vu ?

IV

» Nous avons vu des astres
Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ;
Et, malgré bien des chocs et d’imprévus désastres,
Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.

La gloire du soleil sur la mer violette,
La gloire des cités dans le soleil couchant,
Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète
De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

Les plus riches cités, les plus grands paysages,
Jamais ne contenaient l’attrait mystérieux
De ceux que le hasard fait avec les nuages.
Et toujours le désir nous rendait soucieux !

– La jouissance ajoute au désir de la force.
Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d’engrais,
Cependant que grossit et durcit ton écorce,
Tes branches veulent voir le soleil de plus près !

Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace
Que le cyprès ? – Pourtant nous avons, avec soin,
Cueilli quelques croquis pour votre album vorace,
Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin !

Nous avons salué des idoles à trompe ;
Des trônes constellés de joyaux lumineux ;
Des palais ouvragés dont la féerique pompe
Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ;

» Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ;
Des femmes dont les dents et les ongles sont teints,
Et des jongleurs savants que le serpent caresse. «

V

Et puis, et puis encore ?

VI

» Ô cerveaux enfantins !
Pour ne pas oublier la chose capitale,
Nous avons vu partout, et sans l’avoir cherché,
Du haut jusques en bas de l’échelle fatale,
Le spectacle ennuyeux de l’immortel péché

La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide,
Sans rire s’adorant et s’aimant sans dégoût ;
L’homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide,
Esclave de l’esclave et ruisseau dans l’égout ;

Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ;
La fête qu’assaisonne et parfume le sang ;
Le poison du pouvoir énervant le despote,
Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;

Plusieurs religions semblables à la nôtre,
Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté,
Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;

L’Humanité bavarde, ivre de son génie,
Et, folle maintenant comme elle était jadis,
Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie :
» Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! «

Et les moins sots, hardis amants de la Démence,
Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin,
Et se réfugiant dans l’opium immense !
– Tel est du globe entier l’éternel bulletin. «

VII

Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image
Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !

Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapit
Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste,
Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,

Comme le Juif errant et comme les apôtres,
A qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d’autres
Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.

Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
Nous pourrons espérer et crier : En avant !
De même qu’autrefois nous partions pour la Chine,
Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,

Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
Avec le coeur joyeux d’un jeune passager.
Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres,
Qui chantent : » Par ici ! vous qui voulez manger

Le Lotus parfumé ! c’est ici qu’on vendange
Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim ;
Venez vous enivrer de la douceur étrange
De cette après-midi qui n’a jamais de fin ? «

A l’accent familier nous devinons le spectre ;
Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
» Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Electre ! «
Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.

VIII

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,
Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons !

Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ?
Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau !

EL VIAJE

Para el niño, enamorado de mapas y estampas,

El universo es igual a su vasto apetito.

¡Ah! ¡Cuan grande es el mundo a la claridad de las lámparas!

¡Para las miradas del recuerdo, el mundo qué pequeño!

Una mañana zarpamos, la mente inflamada,

El corazón desbordante de rencor y de amargos deseos,

Y nos marchamos, siguiendo el ritmo de la onda

Meciendo nuestro infinito sobre el confín de los mares.

Algunos, dichosos al huir de una patria infame;

Otros, del horror de sus orígenes, y unos contados,

Astrólogos sumergidos en los ojos de una mujer,

La Circe tiránica de los peligrosos perfumes.

Para no convertirse en bestias, se embriagan

De espacio y de luz, y de cielos incendiados;

El hielo que los muerde, los soles que los broncean,

Borran lentamente la huella de los besos.

Pero los verdaderos viajeros son los únicos que parten

Por partir; corazones ligeros, semejantes a los globos,

De su fatalidad jamás ellos se apartan,

Y, sin saber por qué, dicen siempre: ¡Vamos!

¡Son aquellos cuyos deseos tienen forma de nubes,

Y que como el conscripto, sueñan con el cañón,

En intensas voluptuosidades, mutables, desconocidas,

Y de las que el espíritu humano jamás ha conocido el nombre!

II

Imitamos ¡horror! al trompo y la pelota

En su danza y sus saltos; hasta en nuestros sueños

La Curiosidad nos atormenta y nos envuelve,

Como un Ángel cruel que fustigará soles.

¡Singular fortuna en la que el final se desplaza,

Y no estando en parte alguna, puede hallarse por doquier!

¡Donde el Hombre, que jamás la esperanza abandona,

Para lograr el reposo corre siempre como un loco!

Nuestra alma es nave de tres palos buscando su Icaria;

Una voz resuena en el puente: «¡Atención!»

Una voz desde la cofa, ardiente y loca, clama:

«¡Amor… gloria… felicidad!» ¡Infierno! ¡Es un escollo!

Cada islote señalado por el vigía

Es un El dorado prometido por el Destino;

La imaginación, que acucia su orgía

No halla más que un arrecife al amanecer.

¡Oh, el infeliz enamorado de tierras quiméricas!

¿Habrá que engrillar y arrojar al mar,

A este marinero borracho, inventor de Américas

Para el cual el espejismo toma el remolino más amargo?

Como el viejo vagabundo, chapaleando en el lodo

Sueña, husmeando en el aire, brillantes paraísos;

Su mirada hechizada descubre una Capúa

En cuanto lugar la candela alumbra un tugurio.

III

¡Asombrosos viajeros! ¡Qué nobles relatos

Leemos en vuestros ojos profundos como los mares!

Mostradnos los joyeros de vuestras ricas memorias,

Esas alhajas maravillosas, hechas de astros y de éter.

¡Deseamos viajar sin vapor y sin velas!

Para ahuyentar el tedio de nuestras prisiones,

Haced desfilar nuestros espíritus, tensos como un lienzo,

Vuestros recuerdos enmarcados por horizontes.

Decid, ¿qué habéis visto?

IV

«Hemos visto astros

Y olas; hemos visto playas además;

Y, malgrado muchos choques e imprevistos desastres,

Nos hemos hastiado, a menudo, como aquí.

El esplendor del sol sobre el mar violáceo,

El esplendor de las ciudades en el sol poniente,

Encendían en nuestros corazones el impulso inquietante

De sumergirnos en el cielo con su reflejo fascinante.

Las más ricas ciudades, los más amplios paisajes,

Jamás contenían el atractivo misterioso

De aquellos que el azar forma con las nubes.

¡Y siempre el deseo nos tornaba inquietos!

—El gozo acrecienta del deseo la fuerza.

¡Deseo, viejo árbol, al cual el placer sirviéndole de abono,

Entretanto acrecienta y endurece tu corteza,

Tus ramas quieren ver el sol de más cerca!

¿Crecerás siempre, gran árbol, más vivaz

Que el ciprés? —Sin embargo, nosotros, con cuidado,

Recogimos algunos croquis para vuestro álbum voraz,

¡Hermanos que encontráis bello todo cuanto viene de lejos!

Hemos saludado ídolos engañosos;

Tronos constelados de joyas luminosas;

Palacios adornados cuya feérica pompa

Sería para vuestros banqueros un sueño ruinoso;

Vestimentas que son para la vista una embriaguez;

Mujeres cuyos dientes y las uñas están pintados,

Y juglares sabios que la serpiente acaricia.»

V

Y después, y después. ¿Todavía, qué más?

VI

«¡Oh, cerebros infantiles!»

Para no olvidar el tema capital,

Hemos visto en todas partes, y sin haberlo buscado,

Desde arriba hasta abajo la escala fatal,

El espectáculo enojoso del inmortal pecado:

La mujer, esclava vil, orgullosa y estúpida,

Sin reír extasiándose y adorándose sin repugnancia;

El hombre, tirano goloso, lascivo, duro y ávido,

Esclavo de la esclava y arroyo en la cloaca;

El verdugo que goza, el mártir que solloza;

La fiesta que sazona y perfuma la sangre;

El veneno del poder enervando al déspota,

Y el pueblo amoroso del látigo embrutecedor;

Muchas religiones semejantes a la nuestra,

Todas escalando el cielo; la Santidad,

Cual un lecho de plumas donde un refinado se revuelca,

En los clavos y la cerda, buscando la voluptuosidad;

La Humanidad habladora, ebria de su genialidad,

Y enloquecida, hoy como lo estaba ayer,

Clamando a Dios, en su furibunda agonía:

«¡Oh, mi semejante, oh mi señor, yo te maldigo!»

Y los menos necios, atrevidos amantes de la Demencia,

Huyendo del gran rebaño acorralado por el Destino,

Refugiándose en el opio inconmensurable!

—Tal es del globo entero el eterno boletín.»

VII

¡Amargo sabor, aquel que se extrae del viaje!

El mundo, monótono y pequeño, en el presente,

Ayer, mañana, siempre, nos hace ver nuestra imagen;

Un oasis de horror en un desierto de tedio!

¿Es menester partir? ¿Quedarse? Si te puedes quedar, quédate;

Parte, si es menester. Uno corre, el otro se oculta

Para engañar ese enemigo vigilante y funesto,

¡El Tiempo! El pertenece, a los corredores sin respiro,

Como el Judío Errante y como los apóstoles,

A quien nada basta, ni vagón ni navío,

Para huir de este retiro infame; y aun hay otros

Que saben matarlo sin abandonar su cuna.

Cuando, finalmente, él ponga su planta sobre nuestro espinazo,

Podremos esperar y clamar: ¡Adelante!

Lo mismo que otras veces, cuando zarpamos para la China,

Con la mirada hacia lo lejos y los cabellos al viento,

Nos embarcaremos sobre el mar de las Tinieblas

Con el corazón gozoso del joven pasajero.

Escucháis esas voces, embelesadoras y fúnebres,

Que cantan: «¡Por aquí! vosotros que queréis saborear

¡El Loto perfumado! Es aquí donde se cosechan

Los frutos milagrosos que vuestro corazón apetece;

Acudid a embriagaros con la dulzura extraña

De esta siesta que jamás tiene fin!»

Por el acento familiar barruntamos al espectro;

Nuestros Pilades, allá, nos tienden sus brazos.

«¡Para refrescar tu corazón boga hacia tu Electra!»

Dice aquella a la que en otros días besábamos las rodillas.

VIII

¡Oh, Muerte, venerable capitana, ya es tiempo! ¡Levemos el ancla!

Esta tierra nos hastía, ¡oh, Muerte! ¡Aparejemos!

¡Si el cielo y la mar están negros como la tinta,

Nuestros corazones, a los que tú conoces, están radiantes!

¡Viértenos tu veneno para que nos reconforte!

Este fuego tanto nos abraza el cerebro, que queremos

Sumergirnos en el fondo del abismo, Infierno o Cielo, ¿qué importa?

¡Hasta el fondo de lo Desconocido, para encontrar lo nuevo!

Poema 126 de las Flores del mal.

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